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“Dans la Rédac” de Forbes avec Joan Condijts

💡 Quotidien, radio, télévision, presse lifestyle, sports, économie, judiciaire, people, etc. "Dans la Rédac", découvrez l’envers du décor de vos médias préférés…  Toutes les deux semaines, nous allons à la rencontre de celles et ceux qui, chaque jour, font parler des autres et couvrent l'actu : les journalistes ! Leur quotidien, la conception qu’ils ont de leur métier, leurs anecdotes les plus folles, leurs parcours, le futur des médias… Vous saurez absolument tout ! 🤯

 

Pour le cinquième épisode de la saison 2 de Dans la Rédac, nous nous sommes entretenus avec Joan Condijts, directeur éditorial de Forbes Benelux. Ensemble, nous avons discuté de son parcours, de son quotidien, du format papier, mais aussi et surtout du lancement de Forbes Belux. 🇧🇪 

C’est parti ! 

Quel a été ton premier contact avec les médias et ton parcours avant d’en arriver là où tu en es aujourd’hui ?

Mon premier contact avec les médias remonte à mon enfance. J’ai grandi avant l’ère numérique, donc je me suis d’abord familiarisé avec la télévision et les journaux. 

 

Dès l’âge de 10 ans, je lisais Le Soir, et à l’adolescence, je dévorais plusieurs journaux par jour. Je pense que c’est cette curiosité pour l’actualité qui a nourri, par la suite, mon envie de mieux comprendre le monde.

 

Par contre, professionnellement, mon entrée dans le journalisme s’est faite un peu par hasard, car, pour être honnête, j’envisageais une carrière d’architecte. Finalement, pour différentes raisons, j’ai bifurqué et opté pour des études en communication et journalisme, et j’ai bien aimé ; je me suis pris au jeu, j’ai fait des stages, notamment au Monde, journal pour lequel j’ai publié mon premier article, et c’est cela qui a marqué le début de ma carrière.

 

Ensuite, j’ai commencé à travailler au Soir, d’abord ponctuellement, puis de manière plus régulière. Pendant mes premières années en tant que freelance, j’ai touché un peu à tout : économie, sport, politique… De fil en aiguille, j’ai fini par être engagé au Soir, au service économique, et c’est là que j’ai fait mes classes. Rapidement, je me suis spécialisé dans le dossier “Énergie”, puis je suis devenu chef du pôle économique, jusqu’à mon départ en 2012-2013 pour rejoindre L’Echo en tant que rédacteur en chef, poste que j’ai occupé jusqu’en 2018.

 

Ensuite, après ça, grâce à des rencontres et des discussions avec Martin Buxant et Boris Portnoy, j’ai cofondé LN24. Ça a vraiment été une belle aventure, car j’ai toujours été quelqu’un d’actif, mais je n’avais jamais osé entreprendre. Je viens d’une famille d’enseignants, où la sécurité de l’emploi est valorisée, donc l’entrepreneuriat n’était pas vraiment dans mes gènes (rires). 

 

Mais finalement, cela s’est imposé comme une suite naturelle de mon parcours. À L’Echo, j’ai toujours mis en avant les entrepreneurs, et un jour, je me suis dit : « Ce que tu prônes pour les autres, fais-le pour toi. »

 

Tu travailles également pour Imagix, Deficom, et Fisa. Comment organises-tu tes journées pour gérer toutes ces activités ? Et pour Forbes, combien de temps y consacres-tu chaque jour ?

Mon quotidien aujourd’hui est surtout centré autour de la gestion du groupe Deficom. Forbes, je le gère majoritairement à distance, ce qui me permet de me consacrer davantage à mes autres responsabilités. 

 

Pour Forbes, il y a deux aspects : le site web et le magazine. 

 

Le site, c’est avant tout une gestion à distance en tant que directeur éditorial. Je trace les grandes lignes de la ligne édito, j’accepte ou refuse des sujets et j’arbitre l’ensemble des choix. Cependant, la gestion quotidienne des opérations n’est pas directement sous ma responsabilité.

 

Quant au magazine, qui est trimestriel, je m’implique davantage à certains moments clés, notamment lors du bouclage. C’est là que je supervise de plus près pour garantir une cohérence éditoriale et un rendu de qualité.

 

Heureusement, je peux compter sur une vingtaine de collaborateurs externes. Même si la plupart ne travaillent pas à temps plein, cela me permet d’avoir une équipe solide à qui déléguer et sur laquelle je peux m’appuyer si besoin.

 

Comment Forbes Belgique, un média relativement récent, parvient-il à se faire une place dans un paysage où des médias historiques existent depuis plus de 100 ans maintenant ?

Pour moi, l’élément clé réside dans la création d’un ton et d’une ligne éditoriale clairs.

Ce qui fait la différence, c’est la manière dont on se positionne et la coloration qu’on choisit pour nos contenus. Se distinguer, ce n’est pas une fin en soi ; il s’agit de croire en son projet et de rester fidèle à son identité. 

Forbes Belgique se positionne comme un média positif
, axé sur l’économie, mettant en lumière les success stories, les entrepreneurs et les femmes et hommes qui font bouger l’économie de notre pays. Notre approche est de présenter ces histoires avec un ton bienveillant et optimiste, en offrant une analyse plus inspirante et constructive. 

 


Est-ce que le fait d'être la branche belge d'un média international facilite la mise en lumière de Forbes en Belgique, et comment s’est lancé ce projet ?


C’est Florian de Wasseige, de Ventures, qui m’a contacté, car il cherchait quelqu’un ayant de l’expérience dans les médias économiques. Il m’a proposé de rejoindre l’aventure, et nous avons ensuite fait le voyage aux États-Unis pour décrocher la franchise Forbes pour la Belgique et le Luxembourg. Cela a pris plusieurs mois, parce qu’il y a des exigences en termes de qualité et de crédibilité, et il fallait bien préparer cette démarche.

Mais oui, c’est un vrai avantage. L’un des défis principaux lorsqu’on lance un média, c’est de faire connaître la marque. Je l’ai bien vu avec LN24… Une marque aussi puissante que Forbes permet de franchir certaines étapes. Nous n’avons pas eu à expliquer ce qu’était Forbes ; il suffisait de faire savoir qu’il existait une édition belge, faite par des Belges pour des Belges.

Aujourd’hui, nous avons obtenu cette franchise et gérons tout, de A à Z. Évidemment, nous restons en contact avec les États-Unis pour certaines questions transversales, mais sur le plan éditorial, nous contrôlons pleinement notre édition.

Un autre avantage est que la marque met aussi à notre disposition une sorte de boîte à outils que nous pouvons choisir ou non d’utiliser. Le programme “30 Under 30” en est un parfait exemple. Il incarne l’ADN de Forbes, axé sur la valorisation des talents émergents et nous avons, par exemple, choisi d’intégrer ce programme à l’édition belge. Mais, ce n’est pas la seule chose qu’on a repris.

En 2024, alors que le digital occupe une place grandissante, pourquoi avoir fait le choix de tout de même lancer une version papier ?


C’est une bonne question. En fait, le format papier permet une approche différente de la lecture.
Un magazine, c’est un objet que l’on peut poser sur la table du salon, feuilleter à son rythme, y revenir… C’est un temps de lecture et une expérience que le digital ne reproduit pas de la même manière. L’histoire des médias le prouve : les nouveaux supports ne remplacent pas forcément les anciens, ils se superposent. On le voit aussi dans l’industrie musicale, où le streaming domine, mais où le vinyle connaît un retour en force.

Donc oui, le digital est aujourd’hui prioritaire, mais
le papier garde sa place et continue d’apporter quelque chose d’unique. La première année, nous avons beaucoup misé sur le magazine pour bien nous ancrer, mais désormais, le digital est au cœur de notre stratégie de développement. Forbes a un objectif clair : atteindre la rentabilité commerciale et se positionner comme une référence crédible dans le paysage médiatique. Et je pense que le format papier peut réellement nous aider à ce sujet.

Au cours de ta longue carrière, y a-t-il un sujet ou une période qui t'a particulièrement marqué ?

Un des moments qui m’a le plus marqué, c’est la crise financière de 2008. 

 

En tant que responsable du pôle économique au Soir, j’ai dû prendre des décisions cruciales, parce qu’une mauvaise information pouvait vraiment mettre en danger l’économie belge. La pression était énorme, et c’est là que j’ai réellement pris conscience du poids de mes responsabilités. Au quotidien, on ne va pas se le cacher, on le sent déjà, mais dans des moments aussi tendus, ça devient encore plus flagrant : une seule info peut faire basculer tout un pays.

 

On se donne rendez-vous dans deux semaines pour découvrir le prochain épisode de "Dans la Rédac" avec un•e journaliste belge emblématique !