💡 Quotidien, radio, télévision, presse lifestyle, sports, économie, judiciaire, people, etc. "Dans la Rédac", découvrez l’envers du décor de vos médias préférés… Toutes les deux semaines, nous allons à la rencontre de celles et ceux qui, chaque jour, font parler des autres et couvrent l'actu : les journalistes ! Leur quotidien, la conception qu’ils ont de leur métier, leurs anecdotes les plus folles, leurs parcours, le futur des médias… Vous saurez absolument tout ! 🤯
Pour le quatrième épisode de la saison 2 de Dans la Rédac, nous nous sommes entretenus avec Marie Demaret, rédactrice en chef web de Paris Match Belgique. Ensemble, nous avons exploré son parcours, discuté de la concurrence, de leur stratégie sur les réseaux sociaux, ainsi que des différentes synergies au sein d’IPM.
C’est parti !
Quel a été ton premier contact avec les médias et ton parcours avant d’en arriver là où tu en es aujourd’hui ?
C’est à la fin du secondaire que j’ai su que je voulais bosser dans les médias. À la base, je pensais faire du théâtre, car ça faisait quinze ans que j’en faisais, mais un jour, une journaliste de la RTBF est venue dans notre école et la présentation qu’elle a faite de son métier m’a complètement fait changer d’avis. J’avais visité plein d’écoles dans le secteur artistique, mais finalement, je me suis inscrite à l’IHECS sans même l’avoir visitée. (rires)
Au début, je voulais absolument faire de la radio parce que j’adorais parler. Pendant mes premiers stages, je me suis retrouvée à en faire, mais j’ai aussi fait du magazine, notamment deux mois et demi chez Flair, et j’ai vraiment accroché avec ce format. J’aimais bien écrire de manière plus légère afin d’apporter un peu de positivité aux gens, parce que, on ne va pas se le cacher, l’actualité nationale et internationale n’est pas toujours réjouissante, loin de là.
Quand j’ai fini mes études, j’ai envoyé mon CV chez différents magazines. J’ai commencé comme pigiste pour Télépro avant de faire un remplacement de six mois chez 7sur7. Ensuite, j’ai présenté le journal parlé sur Sud Radio. En parallèle, La DH m’a contactée, car j’avais envoyé mon CV il y a longtemps. J’ai passé les tests et ils m’ont pris en mi-temps. De là, j’ai croisé le rédacteur en chef de Paris Match web dans les bureaux d’IPM, on a bien sympathisé et il m’a vite proposé de compléter mon mi-temps à La DH avec un autre mi-temps chez Paris Match.
Tout ça a duré trois ans, car en juin 2023, j’ai décidé d’arrêter à La DH pour me consacrer pleinement à Paris Match. L’opportunité se présentait, et puis, l’actualité, ce n’est pas ce qui me passionne le plus. Je voulais vraiment me plonger dans l’univers du magazine lifestyle. Quand j’étais à mi-temps, il y avait plein d’événements que je devais refuser parce que je n’avais pas le temps. Alors, de juin à septembre, j’ai pris mes marques en temps plein et, en septembre seulement, mon rédacteur en chef m’a annoncé qu’il changeait de poste, alors j’ai tenté ma chance pour le remplacer, et ça a marché, ça va faire un an que je suis à ce poste maintenant.
Comment qualifierais-tu la ligne éditoriale de Paris Match Belgique ? Est-elle vraiment différente de celle de Paris Match France et des autres magazines belges ? (Flair, Ciné Télé Revue...)
La réponse dépend vraiment des médias comparés. Je vois tous ces médias comme un mélange d’actualité, de culture, de people et de lifestyle, mais chez nous, le people est en tête, suivi du lifestyle, puis de la culture et de l’actualité, qui sont à égalité. À l’inverse, Flair se concentre surtout sur le lifestyle, avec une touche de culture et people. C’est tout de même fort différent.
En revanche, nous avons quelques points communs avec Ciné Télé Revue, même si nous avons beaucoup moins de contenus “buzz”, car notre image de marque est liée à la France, ce qui nous empêche clairement de traiter certains sujets.
Quant à Paris Match France, bien qu’il y ait des similitudes, nous proposons beaucoup plus de contenus lifestyle. Eux sont davantage axés sur l’actualité et le people. Cela nous permet, comme le montrent nos chiffres, d’atteindre un public plus jeune. On essaye aussi, pour chaque article et interview, d’avoir cette touche purement belge qui nous permet de nous démarquer.
Je pense vraiment que notre site est un moyen de préparer les lecteurs payants de demain. Parismatch.be est gratuit, mais à terme, nous devrons passer à un modèle payant. Pour l’instant, notre force réside dans notre capacité à toucher un maximum de personnes avec de courts articles dynamiques qui égayent leur quotidien. Si nous réussissons à fidéliser ces lecteurs maintenant, ils pourraient aussi se tourner vers le papier à l’avenir.
Vous proposez beaucoup de contenus exclusifs sur vos différents réseaux sociaux, en particulier sur Instagram. Cela fait-il partie de votre stratégie ?
Environ 80 % de ce que l’on publie sur notre compte Instagram se retrouve également sur notre site. Mais évidemment, cela fait partie d’une nouvelle stratégie que j’ai mise en place. Aujourd’hui, une grande partie du public découvre l’information sur les réseaux sociaux et préfère ne pas cliquer pour être redirigé vers un site. Ils souhaitent accéder à toutes les infos sans quitter le réseau social où ils se trouvent. Des médias comme Konbini ou Brut. l’ont bien compris, et je pense qu’il est essentiel pour nous d’également adopter cette approche.
Ces vidéos sont donc conçues pour les réseaux sociaux, et nous les ajoutons ensuite sur notre site pour maintenir une certaine cohérence, mais elles ne sont pas initialement pensées pour ça.
L’objectif est de créer une communauté toujours plus large, de rester présent dans l’esprit des gens, et jusqu’à présent, ça fonctionne. Quand j’ai repris la gestion de notre compte, nous avions 6 000 abonnés sur Instagram ; aujourd’hui, nous approchons des 11 000, ce qui signifie que nous avons presque doublé notre audience. Malheureusement, à part sur Facebook, où nous avons quelques indications, nous n’avons pas de chiffres précis pour savoir si nos abonnés sur les réseaux sociaux visitent notre site par la suite. En revanche, on sait aussi qu’Instagram est la plateforme sur laquelle nous avons le plus d’interactions avec notre communauté, ce qui est également très important.
Dernièrement, on a observé de belles synergies du côté d'IPM. As-tu remarqué une réelle différence ? Cela t'aide-t-il dans ton travail quotidien à la rédaction ?
Oui, par exemple avec La DH, pour les infos people et médias que nous relayons chacun de notre côté, nous savons qu’il est inutile d’envoyer deux journalistes sur le même sujet. Nous avons donc tendance à échanger et à partager nos contenus. Nous reprenons parfois leurs sujets, et inversement, mais nous essayons toujours de modifier environ 10 à 15 % du texte, ainsi que le titre et les photos, pour que notre article ait la touche Paris Match et que les leurs aient la touche DH.
Nous collaborons également beaucoup dans le domaine culturel, car certains artistes sont difficiles à interviewer. En nous associant, nous avons plus de chances d’obtenir un créneau. Par exemple, le journaliste de La DH s’occupe souvent de l’interview classique, tandis que nous gérons davantage la vidéo, car cela correspond mieux à notre ligne éditoriale. Nous utilisons une partie de leur interview pour accompagner notre vidéo, et eux prennent notre vidéo pour compléter leur interview. C’est vraiment un échange mutuellement bénéfique et c’est pour ça qu’on le fait.
Même si nous collaborons aussi avec La Libre, nous travaillons principalement avec La DH, surtout pour des raisons pratiques, car ils sont juste à côté de nous dans les bureaux.
Sur le plan personnel, ces synergies avec IPM m’ont aussi permis de revenir à la radio. Auparavant, je présentais le journal parlé, mais je voulais faire quelque chose de plus léger. Fun Radio a rejoint le groupe il y a peu, donc j’ai proposé une collaboration où je parle d’un article à nous, et ils étaient intéressés, car ils souhaitaient des chroniques. Chaque semaine, je présente donc l’article qui a le mieux fonctionné sur notre site durant la semaine précédente.
La rédaction papier et la rédaction web évoluent indépendamment l’une de l’autre. Comment expliques-tu cela ?
Il faut savoir que Paris Match a d’abord été un média papier, donc le site a été lancé par la suite, un peu à part, sans être intégré dans le fonctionnement de l’équipe papier.
Ils avaient leur propre méthode de travail, donc une équipe distincte avec sa propre dynamique s’est formée pour le web. Actuellement, nous sommes aussi situés à deux étages différents, ce qui ne facilite pas la communication en temps réel.
Mais en plus de cela, un autre point important est aussi que nos publics cibles ne sont pas du tout les mêmes. Nous visons un public relativement jeune, tandis que la version papier attire naturellement un public plus âgé. Tout cela a conduit à une évolution indépendante des deux équipes, sans que nous en soyons réellement conscients. Cela dit, il existe quand même des liens entre nous, et j’essaie vraiment d’améliorer cette connexion, car c’est crucial.
Je tiens à préciser que rapprocher le web du print est réellement une priorité pour moi. Nous aimerions adopter un modèle “web first”, où les articles seraient publiés en ligne avant d’apparaître dans le papier. Cependant, cela nécessite que nous passions à un modèle payant, car si nous faisons cela maintenant, il est évident que les lecteurs ne dépenseraient plus d’argent pour acheter la version papier. Tout ça va bientôt se débloquer, mais reste à voir quand.
De manière générale, la vision qu’on a du magazine, c'est en papier, est-ce que c’est un objectif pour toi de travailler pour le papier ou préfères-tu le web ?
Pour ma part, je préfère nettement le web. Je trouve que cela offre plus de libertés créatives. Sur le web, nous pouvons varier les formats, intégrer autant de photos que nous le souhaitons, et même ajouter de la vidéo ou des podcasts. Nous avons la possibilité d’utiliser des titres plus longs et dynamiques, et de réaliser des montages photo plus audacieux qu’en version papier. Bien sûr, il m’arrive aussi de travailler pour le papier, et j’apprécie cette expérience pour le côté prestigieux et élégant qu’il véhicule, mais je m’épanouis vraiment davantage dans un style d’écriture web.
Le métier de journaliste dans les domaines du people, du lifestyle et de la culture suscite souvent des envies, car il implique des sujets positifs, des rencontres avec des stars et des voyages à l'étranger. As-tu un souvenir marquant à partager, quelque chose qui t'a particulièrement touché ?
Mon travail m’a offert des voyages mémorables, et j’ai des souvenirs qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire. Par exemple, j’ai eu l’occasion de me rendre en Bolivie pour couvrir un carnaval, une expérience incroyable que je n’aurais jamais pu vivre en tant que simple touriste. J’ai été chaleureusement accueillie par le peuple, avec des attentions particulières de l’office du tourisme.
En plus de ces moments culturels, j’ai également rencontré des personnalités célèbres et, curieusement, l’interview qui m’a le plus marquée a été celle de Chantal Goya. Notre échange a duré une heure et est devenu une véritable conversation, comme si j’étais assise avec ma grand-mère dans un café. Elle a commencé à me donner des conseils sur ma vie et mes choix de carrière, et je n’oublierai jamais ce moment, c’est la seule fois que j’ai parlé de ma vie personnelle dans le pro.
Ce qui est drôle, c’est que sortant de cette interview, mon ancien responsable était là et, pendant qu’il prenait une photo avec elle, Chantal Goya lui a dit : « Elle est douée, la petite, elle va prendre votre place. » Quelques mois plus tard, c’est exactement ce qui s’est produit, et je trouve ça incroyable.
On a souvent tendance à idéaliser le métier de journaliste lifestyle, mais il y a aussi des contraintes à prendre en compte. Peux-tu en citer quelques-unes ?
Oui, absolument. Par exemple, j’ai remarqué que ma vie privée a été un peu affectée. Dans le domaine des médias en ligne, l’actualité ne s’arrête jamais. Il est crucial de ne pas passer à côté des grandes informations, car si cela arrive et que nos concurrents en profitent, cela se répercutera directement sur nos chiffres. Il faut être honnête : l’objectif d’un média en ligne est d’attirer du trafic pour générer des revenus publicitaires et faire fonctionner le site.
Chez Paris Match, nous avons une personne présente de 8h à 21h, mais en dehors de ces horaires, il n’y a plus personne. Du coup, je reste connectée en permanence. Que je sois au restaurant ou au cinéma, je garde un œil sur les nouvelles.
J’ai les notifications activées pour toutes mes applications, ce qui signifie que mon téléphone sonne constamment. Il m’arrive souvent de me connecter pour publier une information, et j’ai toujours mon ordinateur à portée de main, même dans ma voiture. Cela rend le métier assez stressant et il est difficile de vraiment déconnecter, même en vacances. Cela dit, j’ai la chance d’avoir une équipe formidable et je peux leur faire confiance entièrement.
Parfois, ce sont même eux qui me conseillent de prendre un peu de recul et de repos.