💡 Quotidien, radio, télévision, presse lifestyle, sports, économie, judiciaire, people, etc. "Dans la Rédac", découvrez l’envers du décor de vos médias préférés… Toutes les deux semaines, nous allons à la rencontre de celles et ceux qui, chaque jour, font parler des autres et couvrent l'actu : les journalistes ! Leur quotidien, la conception qu’ils ont de leur métier, leurs anecdotes les plus folles, leurs parcours, le futur des médias… Vous saurez absolument tout ! 🤯
Pour le premier épisode de la saison 2 de “Dans la Rédac”, nous nous sommes entretenus avec Olivier Mouton, Chef News du Trends-Tendances. Ensemble, nous avons discuté de l’importance de l’écriture pour les journalistes ; des défis à relever pour un hebdomadaire face à la concurrence des quotidiens économiques mais aussi de son parcours professionnel et des collaborations au sein du groupe Roularta.
C’est parti !
Quel a été ton premier contact avec les médias et ton parcours avant d’en arriver là où tu en es aujourd’hui ?
Mon intérêt pour le journalisme s’est manifesté assez tôt, à l’âge de 13 ans. À l’école secondaire, au Collège Notre-Dame de Basse-Wavre, nous avions lancé un journal scolaire, et j’ai tout de suite accroché. À cette époque, je lisais déjà un ou plusieurs journaux par jour, car j’étais fasciné par l’observation du monde. C’est cette curiosité qui me motive toujours dans ce métier : comprendre ce qui se passe sur la planète, rencontrer des personnes de tous les horizons et explorer différents secteurs. Naturellement, j’ai entamé des études de journalisme à l’IHECS, car c’était l’école qui me semblait la plus concrète et en phase avec la réalité du métier. J’ai commencé ma carrière en tant qu’indépendant, mais j’ai rapidement été engagé par La Libre Belgique.
Durant ma carrière en presse écrite, j’ai eu la chance d’évoluer dans toutes les rédactions que j’admirais. J’ai passé 11 ans à La Libre, 7 ans au Soir, 8 ans au Vif et je travaille actuellement au Trends. Chacune de ces étapes a représenté un nouveau défi, avec des approches totalement différentes. J’ai touché à divers secteurs (l’économie, la politique, la culture) par choix, car pour moi, comprendre le monde, c’est avoir une vision globale dans tous les domaines.
Avec les années, j’ai également pris de plus en plus de responsabilités. J’ai été chef de service à La Libre, chef de service régional puis chef d’édition au Soir et rédacteur en chef adjoint au Vif. Aujourd’hui, je suis Chef News, et j’apprécie ce rôle. Dans un premier temps, parce que cela me permet de transmettre ce que j’ai appris aux plus jeunes, mais aussi parce que j’aime bien l’aspect gestion, veiller à la cohérence de la ligne éditoriale, etc.
Tu l’as dit, actuellement, tu es Chef News pour le Trends, mais tu continues d’écrire régulièrement. Comment arrives-tu à gérer les équipes, la ligne éditoriale du journal, tout en trouvant encore le temps d’écrire ?
En effet, je continue beaucoup d’écrire et d’interviewer, car, avant tout, je suis un journaliste. L’écriture reste mon moteur quotidien. La clé pour gérer tout ça, c’est l’organisation et l’instauration de routines. Par exemple, chez Trends-Tendances, nous avons une réunion tous les matins pendant 15 à 30 minutes. Cela permet à toute l’équipe de se coordonner, de discuter des sujets à traiter, des projets en cours, et des angles à privilégier. Une fois que chacun sait ce qu’il doit faire, tout roule !
Nous avons aussi des outils qui facilitent cette gestion, comme des fichiers partagés et Slack pour rester en contact permanent. Cela permet vraiment de dégager du temps pour l’essentiel de notre métier : l’écriture. Dans l’ensemble, je dirais que 70 % de mon temps est consacré à l’écriture et 30 % à la coordination. Puis bien sûr, je ne suis pas seul responsable et j’accorde une grande importance à la responsabilisation de chacun. Cela permet à l’équipe de mieux fonctionner, tout en donnant à chacun un moteur supplémentaire pour avancer.
Trends-Tendances est le seul média économique hebdomadaire, alors que vos concurrents sont plutôt des quotidiens. Comment gérez-vous cette différence, sachant que la rapidité de diffusion de l’information est assez cruciale dans le journalisme ?
En fait, le digital nous a permis de devenir, en quelque sorte, un média quotidien, et cela fait une vraie différence. Ce que j’apprécie particulièrement chez Trends-Tendances, c’est ce contraste entre la réactivité nécessaire pour le web et la possibilité de prendre le temps sur certains sujets dans le magazine. Après avoir quitté Le Soir, j’avais justement envie de ralentir un peu le rythme pour approfondir mes écrits et aborder des sujets plus « magazine ». Ici, je peux faire les deux : traiter rapidement des sujets pour le digital quand l’actualité l’exige, et prendre plus de temps pour des analyses plus fouillées dans le magazine.
Mais oui, il y a une véritable différence de ligne éditoriale entre le site web et le magazine papier. Le magazine impose une temporalité différente, car il est souvent préparé plus d’une semaine à l’avance. Il faut donc anticiper l’évolution de l’actualité pour rester pertinent à sa sortie, d’autant plus que nous sommes un “news magazine”. Cela dit, nous y incluons aussi des sujets intemporels, comme des portraits d’entrepreneurs. À l’inverse, sur le digital, nous pouvons publier des articles qui ne seront pertinents que pendant deux ou trois jours, et c’est parfaitement acceptable.
Ce sont donc deux fonctionnements distincts, mais complémentaires.
Y a-t-il d’autres aspects sur lesquels vous essayez de vous démarquer de vos concurrents ?
Je pense que notre ligne éditoriale se distingue de manière assez claire. Nous mettons particulièrement en avant le redressement économique de la Wallonie et de Bruxelles, tout en soutenant les entrepreneurs et les personnes qui prennent des initiatives. À mon sens, c’est un angle qui manque souvent dans le paysage médiatique.
Ensuite, notre approche économique est plus libérale, non pas dans un sens politique, mais plutôt philosophique. Nous avons également une ligne éditoriale plus optimiste que les autres médias, tout en restant critique et objectif. L’idée est de se concentrer sur les initiatives et les solutions, de valoriser les réussites. Cela me semble crucial, car en Belgique francophone, il y a parfois une certaine suspicion ou crainte envers les réussites et les initiatives individuelles.
Vous collaborez étroitement avec Le Vif et Canal Z, ainsi qu’avec leurs équivalents flamands, Knack et Kanaal Z. Peux-tu nous expliquer comment ces synergies se mettent en place et comment vous arrivez tout de même à centraliser votre lectorat au même endroit ?
Évidemment, on est dans un univers business avec Trends-Tendances qui s’ancre parfaitement avec Trends du côté flamand ainsi que les deux Canal Z / Kanaal Z : on est vraiment dans la même dynamique. Il y a beaucoup de textes/contenus qui sont traduits, car les synergies sont de plus en plus grandes. Mais il y a aussi beaucoup de choses qu’on ne partage plus dans ce pays, les identités sont de plus en plus fortes, donc il y a des textes et des contenus qui sont spécifiques à la Belgique francophone. Et encore une fois, dans toute cette dynamique-là, on a des contacts, des réunions, des projets communs… c’est important !
Avec Canal Z, en TV, il y a aussi beaucoup de choses qui se partagent, on a par exemple une séquence au JT de Canal Z sur la couverture du Trends. On essaye de développer de plus en plus de liens en gardant une certaine autonomie. C’est un juste milieu à trouver.
Concernant la centralisation du public, c’est un défi quotidien. Je pense d’ailleurs que, sur le long terme, nous devrions repenser notre approche. Chaque média a son histoire, mais à mon sens, la marque principale devrait être Trends. C’est une réflexion en cours, directement liée aux décisions du groupe Roularta. Il est certain qu’il y a encore des améliorations à apporter, et cela en fait partie.
Durant ta carrière, est-ce qu’il y a un ou plusieurs articles qui t’ont marqué ou dont tu es particulièrement fier ?
Je vais un peu remonter dans le temps. En 1995, alors que je travaillais pour La Libre, j’ai été chargé de couvrir le 50e anniversaire de la libération des camps de concentration. Cela m’a conduit à voyager dans de nombreux lieux historiques et de mémoire, où j’ai rencontré des personnes ayant vécu la guerre, la résistance et c’était une expérience très marquante sur le plan humain.
En parallèle, j’ai aussi couvert de nombreux événements étudiants dans les années 90, et ces personnes que j’ai rencontrées à l’époque sont aujourd’hui devenues des ministres, des dirigeants ou occupent des postes influents. Cela a créé des liens durables. Je suis, par exemple, resté en contact avec des personnalités comme Fabrizio Bucella, devenu un chroniqueur scientifique brillant, ou Philippe Henry, Ministre wallon du Climat, des Infrastructures, de l’Énergie et de la Mobilité.
Et puis, il y a des souvenirs plus personnels, comme mon interview du groupe Blur à Londres, mon groupe préféré. C’était pour La Libre, et ça reste un moment mémorable.
Après tant d’années, il y a vraiment beaucoup de bons souvenirs…