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“Dans la Rédac” de Moustique avec Nicolas Sohy

💡 Quotidien, radio, télévision, presse lifestyle, sports, économie, judiciaire, people, etc. "Dans la Rédac", découvrez l’envers du décor de vos médias préférés…  Toutes les deux semaines, nous allons à la rencontre de celles et ceux qui, chaque jour, font parler des autres et couvrent l'actu : les journalistes ! Leur quotidien, la conception qu’ils ont de leur métier, leurs anecdotes les plus folles, leurs parcours, le futur des médias… Vous saurez absolument tout ! 🤯

 

Pour ce premier épisode, nous avons eu l’honneur d’accueillir Nicolas Sohy, journaliste chez Moustique ! Chaque semaine, notre interviewé écrit des articles « grands formats » et des dossiers de couverture sur des sujets variés, allant de l’économie à l’immobilier, en passant par la santé, l’emploi ou encore les débats de société. Alerte sur les questions du journalisme de demain et sur le format « enquête », on était ravis de lancer “Dans la Rédac” à ses côtés !



Ton premier contact avec le journalisme, c'était quoi ?

C’est mon grand-père qui lisait Le Soir quand j’étais petit. Je ne viens pas d’une famille qui s’informe beaucoup. On regardait un peu le J.T., mais mes parents n’ont jamais été abonnés à un journal. Alors pour moi, le premier contact avec l’actu, c’était ce grand format papier, qui représentait véritablement l’info il y a 25 ans. Les années ont passé, je me suis intéressé à la politique et je me suis lancé dans des études de journalisme. Je n’étais pas très sûr, et la communication, ça permettait d’aller un peu partout. C’est à ce moment-là que je m’abonne à un journal, puis, que j’intègre la rédaction de Moustique pendant un stage, puis comme jobiste étudiant, et comme freelance désormais.

À quoi ça sert, un journaliste ? Qu'est-ce que c'est le journalisme, pour toi ?

Le journaliste est le garant de l’actualité en laquelle on peut avoir confiance.

C’est l’intermédiaire entre le grand public et la masse d’informations qui arrive chaque minute, par tous les canaux, dont certaines qui ne sont absolument pas crédibles. Le rôle du journaliste va être de trier l’info, selon le public auquel il s’adresse, d’adapter et de vulgariser l’info. Et, parfois, je pense aussi que le journaliste est là pour confronter les gens à des idées différentes des leurs, les bousculer un peu, toujours avec une honnêteté intellectuelle.


Lorsque tu prépares un sujet, comment ça se passe concrètement ? C'est quoi ton quotidien de journaliste ?

Comme je travaille dans un hebdomadaire, Moustique, et principalement sur les grands formats, c’est une temporalité particulière. Tous les vendredis, on a une réunion de rédaction pendant laquelle on va déterminer ce qu’on met dans le prochain numéro. Ça peut encore évoluer, mais ça permet d’avoir une structure. On décide par exemple de ce qu’on met en couverture. On choisit le grand format de la semaine, qui va être constitué par plusieurs articles. Généralement, on travaille à plusieurs dessus car c’est un gros travail, entre les recherches, les interviews, etc. Et on doit rendre tout ça pour le vendredi suivant.

Aujourd’hui, nous sommes aussi dans une logique multimédia, qui fait que je tourne chaque vendredi une vidéo sur un sujet d’actu pour Moustique. En général, on part du sujet de la couverture et on couvre un angle spécifique, pour que ce soit complémentaire au print.

On a aussi des synergies de groupe chez IPM. On fait par exemple continuer la vie d’une enquête Moustique en proposant un débat autour du sujet sur LN24. Et finalement, il y a le pôle investigation, que j’ai initié en septembre 2023, qui permet des publications dans tous les titres du groupe.

Qu'est-ce qui fait la particularité de ton média ?

D’abord, c’est le plus vieux. On fêtera nos 100 ans cette année ! Et puis, pour moi, c’est le média belge qui allie le mieux la qualité de l’information et l’agréabilité de la lecture. Moustique, c’est le parfait équilibre entre des sujets super intéressants et un bon bouquin. On passe un moment. C’est reposant et on apprend des choses.

On a aussi une ligne éditoriale très concernante pour le grand public. On arrive assez bien à sentir l’air du temps et à parler des préoccupations des gens. C’est pour ça qu’on parle beaucoup de santé, de pouvoir d’achat, de culture, d’environnement, d’éducation… Des thèmes qui sont très « proches » des gens.

C'était quoi ton meilleur sujet jusqu'à présent ?

Un seul, c’est difficile ! Celui qui a le plus d’impact, c’est l’investigation sur les contrats secrets du big pharma, en septembre 2023. Ce qui fait plaisir, c’est que sa vie continue aujourd’hui. Dans les débats politiques, on en entend parler. Lorsque les mutualités lancent un appel, on en entend parler. Dans les débats au Parlement aussi. C’est une pierre à l’édifice d’un changement vers une société meilleure. Le prix des médicaments, c’est un sujet essentiel et on peut donc être fiers du travail accompli avec cette enquête.

Et puis ce qui montre sa qualité, c’est aussi lorsque l’info est reprise dans les autres titres de presse. On voit que l’enquête a eu de l’impact et touche un public très large.

À quoi ressemblera ton métier en 2030 ? Qu'est-ce qui va changer ?

Pour les prochaines années, je vois plusieurs changements, qui peuvent servir de réponse aux problématiques actuelles. Ce qui vient aujourd’hui, c’est l’intelligence artificielle. Mais il y en a d’autres, au moins aussi importants.

Aujourd’hui, on a un problème économique dans le secteur des médias traditionnels, tant au niveau du lectorat que des revenus publicitaires. Il faut trouver des solutions et elles ne sont pas évidentes. Aux États-Unis par exemple, ils ne les ont pas encore. Dans le petit marché belge francophone, on est en concurrence en permanence avec la France depuis des décennies dans la consommation de l’information et c’est compliqué.

Les intelligences artificielles représentent une partie de la réponse. Elles peuvent nous aider et nous permettre d’accomplir des choses qui n’étaient pas possibles avant. On peut donc être meilleurs. Et si on est meilleurs, on maximise nos chances de convaincre un public réticent à payer pour de l’info à le faire. Il faut qu’il en ait pour son argent.

C’est aussi un outil qui permet de faire des économies d’échelle. Forcément, certaines professions dans le journalisme ont moins d’avenir que d’autres. Mais le journalisme a haute valeur ajoutée ne va pas disparaître, au contraire. Dans les rédactions en 2030, il y aura sans doute un peu moins de monde, du moins pendant une période de transition.

Les synergies de groupe média sont une autre réponse à la problématique économique. On a de bons exemples en Belgique et ça risque de continuer.

Après 2030, je crois qu’il y aura moins de print. Et comment créer un modèle économique digital rentable ? Pour les hebdos, ce n’est pas simple à aborder. On a des idées de solutions, mais il n’y a pas encore l’exemple qui fonctionne. Même le Time Magazine, niveau rentabilité digitale, ce n’est pas phénoménal.

Dans le futur, il faudra aussi plus d’idées et de créativité !

On se donne rendez-vous dans deux semaines pour découvrir le prochain épisode de "Dans la Rédac" avec un•e journaliste belge emblématique !