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“Dans la Rédac” de L-Post avec Philippe Lawson

💡 Quotidien, radio, télévision, presse lifestyle, sports, économie, judiciaire, people, etc. "Dans la Rédac", découvrez l’envers du décor de vos médias préférés…  Toutes les deux semaines, nous allons à la rencontre de celles et ceux qui, chaque jour, font parler des autres et couvrent l'actu : les journalistes ! Leur quotidien, la conception qu’ils ont de leur métier, leurs anecdotes les plus folles, leurs parcours, le futur des médias… Vous saurez absolument tout ! 🤯

Pour le septième épisode de « Dans la Rédac », nous avons rencontré Philippe Lawson, rédacteur en chef et fondateur du L-Post. Son surnom de « Monsieur catastrophe » à La Libre, sa fonction de « directeur des rédactions » à l’Avenir et puis la création de son média, Philippe est revenu avec nous sur son parcours. L’occasion de discuter de diversité dans le secteur, de journalisme d’investigation, mais aussi de l’importance des médias pour la démocratie.

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

J’ai un parcours assez particulier, puisque je ne suis arrivé en Belgique qu’à l’âge de 26 ans, en tant que candidat réfugié. Avant ça, j’étais au Togo, dans mon pays d’origine, et je faisais des études pour devenir professeur de maths et de physique. 

En arrivant ici, j’ai dû tout reprendre à zéro. J’ai commencé Sciences Po en cours du jour et journalisme en cours du soir, avec l’idée de rentrer au Togo. De stage en stage, d’abord à la Gazette de Liège, je me suis fait une place, jusqu’à devenir un journaliste phare à La Libre. J’ai notamment couvert les catastrophes et les accidents qui impliquaient des Belges à l’étranger, y compris des tremblements de terre au Maghreb, l’éruption du Nyiragongo en RDC ou encore l’incendie d’un funiculaire en Autriche. À La Libre, on m’appelait donc « Monsieur Catastrophe ». Après cinq ans, j’avais vraiment besoin de déconnecter et j’ai donc demandé pour aller au service économique de La Libre. 

Ensuite, en 2011, j’ai rejoint L’Echo et en 2018, Nethys est venu me chercher pour devenir directeur des rédactions des Éditions de L’Avenir. C’est un poste qu’on ne voit généralement qu’en France. 

En 2020, IPM a racheté L’Avenir. Comme je ne suis pas pour la concentration des médias, je suis parti et j’ai lancé L-Post. Dans la foulée, j’ai animé des émissions sur LN24, mais j’ai continué à me concentrer sur mon projet.


Au cours de ta carrière, y a-t-il un reportage qui t’a plus marqué que les autres ?

Fin 2003, l’Iran a été touché par un violent tremblement de terre qui a fait plus de 26 000 morts et 30 000 blessés. Je travaillais à l’époque à La Libre et j’ai directement été envoyé sur place pour couvrir l’évènement. C’est là que je me suis rendu compte que ce sont souvent les personnes qui ont tout perdu qui t’accueillent à bras ouverts et te donnent le peu qu’ils ont. C’est là que j’ai vu la solidarité, la vraie. C’était vraiment une expérience marquante.

Selon toi, à quoi sert à un journaliste ?

Avant toute chose, un journaliste est un acteur de la démocratie. Il faut impérativement que la population puisse prendre connaissance de ce que les gouvernants font. Et c’est ça, le rôle premier du journaliste. Il y a aussi les journalistes d’investigation qui sont très importants dans notre société. Ils sont là pour dénoncer les situations d’injustice. L’un des rôles essentiels de notre fonction est également de sensibiliser la population sur certains sujets comme les élections qui arrivent à grands pas. 

Ce n’est pas un métier qu’on fait pour s’enrichir. On est au service de la population. On va chercher les infos et on les met à disposition.

 

Pourrais-tu nous parler de L-Post, le média que tu as fondé ? Qu'est-ce qui le différencie des autres ?

L’idée de L-Post est de faire du journalisme autrement. J’ai toujours aimé les scoops et « gratter » pour aller plus loin. Et c’est ce que l’on fait. L-Post se différencie des médias traditionnels en se spécialisant dans l’investigation, que ce soit pour les bonnes ou les mauvaises histoires. Il faut toujours qu’il y ait une valeur ajoutée. Il faut que le lecteur se dise : « J’ai quelque chose que je n’ai pas ailleurs », donc ce n’est pas seulement traiter des dépêches. 

Et puis le paysage médiatique belge manque de diversité. On a peu de modèles parmi les journalistes, ce qui peut être un frein pour les jeunes. Je veux donner une chance à ceux qui veulent se lancer en leur proposant, par exemple, un stage, et ainsi leur mettre le pied à l’étrier. On essaie d’avoir une rédaction la plus diversifiée possible. Forcément, on essaie également de traiter des relations entre l’Afrique et l’Europe, rarement abordées dans les médias traditionnels, sauf pour les mauvaises nouvelles. J’ai envie que L-Post soit un espace d’expression et de révélation pour permettre à la diaspora afro-descendante de se connecter à leur continent.

Tu es aussi rédacteur en chef de ce média. Concrètement, qu’est-ce que ça signifie ?

Mon rôle au quotidien est de centraliser toutes les propositions des collaborateurs qui travaillent avec L-Post, en leur demandant des précisions sur les sujets qu’ils proposent, en discutant avec eux et en étant le garant de la ligne éditoriale

Comme je suis le fondateur de L-Post, j’ai plusieurs casquettes. Je joue le rôle du gérant, et ça passe également par la gestion financière et administrative. L-Post m’a aussi permis de mieux comprendre le quotidien d’un entrepreneur. Désormais, lorsque je rencontre un entrepreneur, je comprends ce qu’il vit.

Et c'est quoi la suite pour L-Post ?

En seulement trois ans, on a réussi à installer L-Post dans le paysage médiatique. Maintenant que la crédibilité est là, le but est de passer à un stade supérieur en continuant de sortir des infos exclusives, mais également en diversifiant davantage nos contenus. L’un de nos premiers objectifs va être de faire plus de formats audiovisuels. Mais pour ça, il va falloir agrandir l’équipe. C’est essentiel pour pérenniser le projet.

On se donne rendez-vous dans deux semaines pour découvrir le prochain épisode de "Dans la Rédac" avec un•e journaliste belge emblématique !