Pour le sixième épisode de « Dans la Rédac », nous avons rencontré Anissa Hezzaz, journaliste chez So Soir. À la tête du pôle digital de ce média lifestyle, elle est revenue avec nous sur les particularités de son métier. Entre sujets qui permettent de s’évader des news anxiogènes des médias traditionnels, veille informationnelle, invitations presse pour tester des restaurants ou à des événements, etc. découvrons l’envers du décor du lifestyle, plus que jamais au coeur des tendances !
Ton premier contact avec le journalisme, c'était quoi ?
Je sais que le métier de journaliste a pu faire rêver certaines personnes durant leur enfance, mais moi, honnêtement, ça n’a pas été le cas.
C’est venu un peu par hasard. Je me souviens d’un cours de français durant lequel nous devions faire un résumé de livre et ça m’avait paru tout bête. J’avais fini avant tout le monde et j’avais eu la note de 10/10. Ça a vraiment été mon premier feeling avec la pratique littéraire. Mais c’est plus pendant mes études en communication que j’ai commencé à comprendre que la rédaction était vraiment quelque chose qui me plaisait. Contrairement à mes camarades de classe de l’IHECS qui étaient beaucoup plus tournés vers l’information générale, j’ai fait mes stages dans le lifestyle et c’est à ce moment-là que j’ai su que c’était vraiment ce que je voulais faire.
À quoi ça sert, un journaliste "lifestyle" ?
Au quotidien, nous sommes constamment confrontés à des mauvaises nouvelles et des news assez anxiogènes. Notre but, c’est justement de vendre du rêve aux lecteurs en les évadant de leur quotidien. Mais ce n’est pas tout ! On essaye aussi de décrypter des phénomènes de société. On catalogue souvent la presse lifestyle comme une pratique qui n’est pas du journalisme, mais c’est faux. Nous sommes constamment à l’affut pour rebondir sur l’actualité et proposer du contenu en lien. Si je dois résumer, je dirais que le rôle premier du journaliste lifestyle est de dénicher les nouvelles tendances sociétales.
C'est quoi ton quotidien de journaliste ? Comment se passe une journée-type ?
Je ne vais pas vendre du rêve en répondant à cette question (rires), car je ne suis pas souvent sur le terrain. Mon rôle est de chapeauter la partie digitale de So Soir, donc je fais essentiellement de la veille. De 08h à 18h, je suis derrière mon ordinateur et même après, car si une actu tombe le soir, je dois en prendre connaissance et l’anticiper pour m’en servir le lendemain. Mis à part ça, nous sommes aussi souvent invités à tester des restaurants, à aller à des évènements, etc. C’est le côté un peu plus fun du métier, mais tout ça se fait le soir, après mes heures de travail.
Nous sommes également énormément sollicités pour des voyages presse, mais nous n’en n’acceptons que rarement. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas juste des vacances ! Par exemple, il n’y a pas longtemps, j’ai été invitée à passer 5 jours à Punta Cana. Évidemment, c’était chouette, mais avec le décalage horaire, c’était vraiment un casse-tête pour travailler. Donc même si ça fait rêver, c’est tellement de logistique que nous y réfléchissons deux fois avant d’accepter.
Comment fais-tu le choix des produits / adresses que tu acceptes de mettre en avant ? Y a-t-il des critères ?
Avant toute chose, il est important de préciser que souvent, on nous survend un peu les évènements, les restaurants, etc. Nous devons donc être les plus objectifs possible.
Chez So Soir, nous partons du principe qu’on ne veut pas parler d’une adresse pour critiquer, c’est dans notre ligne éditorial. Donc parfois il nous arrive de tester des choses, d’être déçus, et de ne pas en parler. Mais pour les voyages presse, ça implique tellement de logistique qu’on ne décide d’aller sur place que si ça en vaut vraiment la peine.
Qu'est-ce qui fait la particularité de ton média ?
Évidemment, notre particularité première, c’est d’être rattachés au journal « Le Soir ». Donc en théorie, l’idée, c’est qu’après avoir fini la lecture du Soir, le lecteur prenne le temps de nous lire pour s’évader. Ensuite, une de nos autres particularités, et non des moindres, c’est que l’on ne s’adresse pas uniquement aux femmes, comme beaucoup de magazines lifestyle le font. On a un public mixte et c’est l’une de nos forces.
Au niveau du contenu, je pense que notre spécificité, c’est d’aller dénicher les dernières adresses « food », même si notre rubrique évasion prend de plus en plus de place, car on a remarqué que c’était quelque chose qui intéressait aussi notre lectorat.
C'était quoi ton meilleur sujet / reportage ?
Comme ça, je n’en ai pas un qui me vient directement en tête : le fait d’être constamment en veille peut provoquer une certaine lassitude. Les moments dont je suis la plus fière, c’est quand j’ai le temps de faire une vraie rencontre, une vraie interview, car je sens que ça me nourrit créativement parlant pour la suite. Quand je relaie une information, évidemment c’est mon métier, mais j’ai moins ce sentiment de fierté.
À quoi ressemblera ton métier en 2030 ? Qu'est-ce qui va changer ?
C’est difficile à dire, mais énormément de choses vont changer. On nous demande déjà de réinventer des formats tous les jours. Le comportement des lecteurs est déjà en train d’évoluer. On se digitalise, on sort de l’écrit, notamment avec les podcasts et même au niveau de la production. L’Intelligence Artificielle est déjà un outil précieux, mais il le sera davantage dans le futur. Elle nous permettra de produire plus vite et surtout : mieux !
