Pour ce nouvel épisode de Dans la Rédac, nous nous sommes entretenus avec Raphaëlle Gilles, cheffe d'édition à l'Avenir Verviers. Ensemble, nous avons discuté de son parcours, des particularités du journalisme local, des défis liés à l'évolution du journalisme ainsi que d'une de ses anecdotes les plus marquantes.
J’ai très vite baigné dans l’info, que ce soit en tant que lectrice ou téléspectatrice. Et très tôt aussi, j’ai compris que ce qui me plaisait vraiment, c’était l’écriture, la rédaction, le fait de raconter des histoires. C’est ce qui m’a poussée à faire une licence en Information et Communication à l’Université de Liège. Et dès le début de mes études, ça a été une confirmation : je voulais devenir journaliste. Mes premières expériences professionnelles se sont faites dans le sport. J’étais journaliste sportive : je couvrais les matchs de football dans la région verviétoise, j’allais autour des terrains, j’interviewais les coachs, les joueurs, et je rédigeais mes papiers à partir de là.
Les collaborations se sont enchaînées, et j’ai ensuite commencé à élargir mon champ d’action à l’actualité locale, pas seulement le sport. En 2007, je me suis lancée comme indépendante, un peu à l’instinct, sans trop me poser de questions. Et j’ai travaillé comme ça pendant trois ans et demi, avant d’obtenir un contrat salarié à l’Avenir Verviers en 2010. À ce moment-là, je me suis concentrée uniquement sur l’info locale.
Et depuis juin 2024, je suis devenue cheffe d’édition du journal.
Une suite assez logique, et une manière de boucler la boucle.
Ce que j’aime profondément dans le journalisme local, c’est la proximité. Être en lien direct avec les gens, avec leur quotidien et leurs préoccupations. C’est le seul endroit où on peut vraiment raconter ce qui touche les citoyens au plus près : Pourquoi cette rue est bloquée ? Qu’est-ce qui se passe avec ce chantier ? Pourquoi cette école ferme ? On répond à des questions simples, mais essentielles pour ceux qui vivent ici.
Et puis, il y a tout l’aspect humain : mettre en lumière un petit couple qui fête ses 60 ans de mariage, suivre un conseil communal, raconter une belle initiative citoyenne... Ce sont peut-être de “petites” infos à l’échelle nationale, mais elles ont une résonance très forte localement. En fait, ce que j’aime, c’est qu’on plonge dans le réel, dans les émotions, dans la vie des gens. Et je ne pense pas qu’on puisse trouver ça ailleurs qu’en local.
On est une petite équipe : 8 journalistes salariés et 5-6 indépendants réguliers. Chaque matin, on se retrouve en conférence de rédaction. On met en commun nos idées, on discute des sujets du jour, on choisit les angles, on répartit le travail : qui traite quoi ? Quelle interview réaliser ? Sous quelle forme ? Quand les journalistes reviennent du terrain, on fait le point ensemble : est-ce que le sujet tient toujours ? Faut-il adapter l’angle ? C’est important d’être en dialogue permanent. Ensuite, je relis les papiers, je supervise la mise en page, je valide les photos, les vidéos, les titres... Bref, je suis sur toute la chaîne, jusqu’à la sortie du journal le lendemain.
Et ce qui est super dans une rédaction locale, c’est la polyvalence. Chaque journaliste cherche ses sujets, les traite, prend ses photos, tourne ses vidéos. On touche à tout, et c’est pour ça que je dis souvent que c’est une vraie école. Un centre de formation idéal pour les jeunes journalistes.
Honnêtement, je ne ressens jamais de lassitude. Et pourtant, ça fait un paquet d’années que je suis sur ce territoire. Même si on couvre une zone relativement restreinte, il se passe constamment quelque chose : une nouvelle initiative, un fait divers, un chantier qui commence, une décision politique importante... L’actualité locale est bien plus dynamique qu’on ne l’imagine. C’est vrai qu’on retrouve certains interlocuteurs de manière récurrente (les services de secours, la police, le parquet, les responsables communaux ou politiques), mais ça fait partie du job. Ces relations de confiance, construites sur le long terme, nous permettent aussi d’accéder plus facilement à l’information. Et en parallèle, chaque semaine, on découvre de nouveaux visages, de nouvelles histoires. Ce mélange entre des contacts réguliers et la richesse de nouvelles rencontres, c’est ce qui rend le métier si intéressant au quotidien.
Il y en a beaucoup ! Les Francofolies de Spa, bien sûr, le jogging de Verviers, ou encore tout ce qui se passe autour du circuit de Spa-Francorchamps. Mais on suit aussi de près les événements plus folkloriques, comme la foire médiévale de Franchimont ou l’omelette géante, où 10.000 œufs sont cassés pour cuisiner… une omelette géante, évidemment.
Ce sont des moments forts, à la fois ancrés dans la tradition locale et très fédérateurs pour le public. En parallèle, on accorde aussi une grande importance aux petites histoires du quotidien : des noces d’or, des conseils pratiques comme la fermeture temporaire d’une rue… Ce sont souvent ces sujets-là, très proches des gens, qui rencontrent le plus d’intérêt.
Oui, bien sûr. En tant que cheffe d’édition, j’ai un budget à gérer et je dois m’y tenir. Mais honnêtement, je ne trouve pas ça particulièrement contraignant au quotidien. On a la chance d’avoir une équipe de journalistes professionnels, très autonomes et polyvalents. On se connaît tous bien, on sait comment chacun travaille, et ça facilite vraiment les choses.
Les vraies contraintes se situent plutôt ailleurs : au niveau de la pagination par exemple, ou du choix des infos qu’on va publier. Il faut souvent faire des arbitrages, sélectionner ce qu’on va garder ou non… Mais dans l’ensemble, on s’en sort très bien.
Oui, je parlais tout à l’heure des Francofolies de Spa… Eh bien, c’était justement là. Vanessa Paradis venait en concert, et je me souviens que mon chef d’édition de l’époque m’avait dit : « Elle arrive à telle heure à la gare des Guillemins, va la chercher, va la trouver ». Je suis donc partie avec un photographe, un peu en mode mission commando, avec pour objectif de mettre la main sur Vanessa Paradis. Je l’ai effectivement trouvée, mais elle était entourée d’un service de sécurité bien musclé. Pas moyen d’échanger un mot, encore moins de lui poser une question. Je précise quand même qu’elle était sans Johnny Depp (rires).
Écrit par Nonante Cinq
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