Retour

“Dans la Rédac” de Belga avec Philippe De Camps

💡 Quotidien, radio, télévision, presse lifestyle, sports, économie, judiciaire, people, etc. "Dans la Rédac", découvrez l’envers du décor de vos médias préférés…  Toutes les deux semaines, nous allons à la rencontre de celles et ceux qui, chaque jour, font parler des autres et couvrent l'actu : les journalistes ! Leur quotidien, la conception qu’ils ont de leur métier, leurs anecdotes les plus folles, leurs parcours, le futur des médias… Vous saurez absolument tout ! 🤯

 

Pour le deuxième épisode de la saison 2 de “Dans la Rédac”, nous nous sommes entretenus avec Philippe De Camps, rédacteur en chef adjoint de Belga. Ensemble, nous avons discuté de son parcours, du fonctionnement d’une agence de presse, de l’organisation que ça demande et de l’importance des collaborations avec d’autres partenaires pour garantir la couverture exhaustive de l’actualité.

C’est parti ! 

Quel a été ton premier contact avec les médias et ton parcours avant d’en arriver là où tu en es aujourd’hui ?

Je pense que mon premier vrai contact avec le journalisme a eu lieu vers 13 ou 14 ans, lorsque j’ai eu la chance de contribuer au journal de mon école secondaire. Mais mon parcours officiel a vraiment commencé après, dans le supérieur, quand je me suis inscrit à l’UCLouvain pour suivre une formation en communication sociale, avec une spécialisation en journalisme.

 

Durant mes études, j’ai eu l’opportunité de faire plusieurs stages, notamment à Radio 21 et au Soir Brabant Wallon. Par la suite, j’ai collaboré avec la RTBF avant de terminer mes études et de chercher un emploi. Comme cela n’a pas été évident au début, j’ai accepté un stage bénévole à La Dernière Heure, même si je n’étais plus étudiant. Un peu par chance, ils avaient besoin de quelqu’un pour un remplacement dans la cellule bruxelloise, et c’est ainsi que j’ai commencé à travailler plus sérieusement en tant que freelance pour eux. 

 

Par la suite, j’ai appris que Belga recherchait des journalistes sportifs. J’ai passé les tests et examens, qui se déroulaient devant énormément de personnes à l’époque, et qui m’ont permis d’intégrer la rédaction de Belga. J’ai alors eu la chance de couvrir de grands événements sportifs, comme les Jeux Olympiques de Sydney et d’Athènes, ainsi que de nombreuses autres compétitions. Et puis, évidemment, au fil des années chez Belga, j’ai peu à peu pris des responsabilités. C’est sans doute pour ça qu’après les Jeux Olympiques d’Athènes, le rédacteur en chef m’a proposé de devenir News Manager, la personne en charge de la gestion quotidienne de la rédaction, et ça fait maintenant presque 20 ans, bien que j’aie l’impression que tout a commencé hier (rires).

 

 

 

Comment fonctionne concrètement une agence de presse, et en quoi diffère-t-elle d'une rédaction de média traditionnel ?

Une agence de presse fonctionne de manière assez différente d’une rédaction de média traditionnel. 

 

Notre principal public, ce sont les journalistes de la presse nationale, alors que les médias traditionnels s’adressent directement au grand public. Nous sommes là pour leur fournir des informations fiables et vérifiées qu’ils pourront ensuite traiter à leur manière. 

 

Autre différence avec les médias traditionnels, nous ne nous concentrons pas sur l’actualité locale, sauf si elle a un impact à l’échelle nationale. 

 

Aussi, ce qu’il faut sortir de la tête du commun des mortels, c’est que nous ne faisons pas la course à l’exclusivité. Ce qui prime pour nous, c’est la pertinence et l’exactitude des informations. Il est important de recouper les faits, de vérifier nos sources, et cela peut parfois prendre plus de temps. Dans la période actuelle en politique, où les rumeurs circulent rapidement, nous devons nous assurer que ce que nous diffusons est 100 % fiable, même si cela signifie publier une information un peu plus tard. Et enfin, dernière grande différence, notre rôle est de fournir du contenu brut. Contrairement aux médias, nous ne cherchons pas à mettre en forme ou à ajouter de l’âme dans les textes. 

 

 

 

En tant que rédacteur en chef adjoint chez Belga, quel est ton rôle et quelles sont tes missions quotidiennes ? As-tu une journée type ?

Mon rôle est principalement axé sur la gestion d’équipe, car ce qui diffère assez des autres rédactions, c’est qu’ici, nous avons des horaires fixes, mais flexibles, puisque nous avons besoin de personnel en continu. Certains de mes collègues commencent à 6h, d’autres à 8h, ce qui permet de garantir une couverture constante de l’actualité. Une partie essentielle de mon travail consiste aussi à tenir au courant et à missionner nos correspondants locaux, car il est crucial de couvrir un maximum de sujets et d’informations, ce qui est attendu de nous en tant qu’agence de presse.

 

Il est aussi important de noter qu’entre 2004 et 2024, le métier a évolué. 

 

Aujourd’hui, les deskeurs ont des responsabilités supplémentaires pour filtrer les informations qui arrivent. En tant que rédacteur en chef adjoint, mon objectif est d’adopter une perspective plus globale, un regard d’hélicoptère, même si je suis impliqué dans l’actualité quotidienne. Je dois m’assurer que les informations urgentes sont traitées en priorité, car c’est fondamental dans notre travail.

 

Une grande partie de mon rôle est également consacrée à la planification. Chaque jour, je dois m’occuper du planning pour le lendemain et les jours à venir. En réalité, l’actualité de Belga repose à 90 % sur des événements prévisibles, tandis que les 10 % restants concernent les imprévus, comme des faits divers ou d’autres situations moins anticipées. Par exemple, un match de football est prévu à l’avance, et nous savons qui va le couvrir ; seul le score reste incertain. Cela nous permet de nous organiser efficacement à l’avance et d’être prêts à réagir rapidement.

 

 

 



Chaque jour, il y a une abondance d'informations. Comment parvenez-vous à sélectionner les sujets à traiter ? Quels critères spécifiques utilisez-vous pour faire ce choix ?

Il est indéniable qu’il y a une quantité incroyable d’informations chaque jour, ce qui rend le travail de sélection des sujets à la fois essentiel et complexe. Notre premier critère est la temporalité : nous nous concentrons sur ce qui se passe en ce moment. 

 

Au-delà de ça, nous nous intéressons particulièrement aux événements qui sont remarquables et qui pourraient susciter l’intérêt du grand public. Ce qui compte, c’est que l’information soit d’intérêt général, c’est-à-dire qu’elle doit toucher un large panel de personnes. Mais une information peut être très locale et avoir des implications nationales ou internationales. Donc une décision politique dans une commune peut être un sujet pertinent à traiter si son impact est important. 

 

Nous devons également tenir compte de la diversité des sujets. En tant qu’agence de presse, il est essentiel de couvrir un large éventail de thématiques pour répondre aux attentes des différents médias qui s’offrent nos services. Cela inclut des secteurs tels que le sport, l’économie, la culture, la politique, les faits divers… Chacun ayant ses propres enjeux et intérêts.

 

Comment est organisée une agence de presse comme Belga en termes de structure des journalistes et de réactivité face à l'actualité à tout moment de la journée ?

 

La rédaction de Belga est centralisée à Bruxelles, où se trouvent nos bureaux, car bien que de nombreux journalistes travaillent à distance, maintenir un contact direct avec nos collègues est essentiel, notamment dans un milieu où l’urgence et la rapidité d’action sont primordiales.

 

Pour assurer la meilleure couverture possible, nous avons aussi des correspondants répartis dans les différentes régions du pays, qui se chargent de couvrir des sujets locaux comme les faits divers et la justice. 

 

En termes de disponibilité, notre équipe est joignable 24 heures sur 24. Peu importe l’heure, quiconque appelle le numéro de la rédaction pourra toujours compter sur la présence d’un membre de l’équipe. Pour assurer cette réactivité constante, nous avons mis en place un système flexible pour les horaires de nuit. Par exemple, nous avons une collègue vivant en Australie qui, grâce au décalage horaire, travaille durant nos heures de nuit en profitant de ses heures de jour.

 

Ça nous permet non seulement de bénéficier d’une couverture continue, mais également d’avoir des équipes qui travaillent cinq jours par semaine, contrairement à nos collaborateurs belges qui ne peuvent généralement faire que trois nuits. En plus de ça, cette approche nous offre une perspective enrichie sur l’actualité, car ces correspondants sont intégrés dans un environnement journalistique local, collaborant avec des partenaires aux quatre coins du globe. Ça contribue clairement à une meilleure compréhension des événements, à travers différents prismes culturels.

 

 

 

Collaborez-vous avec des agences de presse étrangères ? Peux-tu expliquer comment se déroulent ces collaborations ?

Oui, nous avons établi des accords de coopération avec de très nombreuses agences de presse internationales. Par exemple, nous travaillons en étroite collaboration avec l’AFP. Dans le cadre de ces partenariats, nous achetons les droits d’utilisation de leurs copys et de leurs photos, tandis qu’elles acquièrent également le droit d’utiliser nos contenus. 

 

Ces accords varient : certains sont payants, tandis que d’autres ne le sont pas.

 

En plus de l’AFP, nous avons des collaborations avec la dpa pour l’Allemagne, ainsi que l’ANP pour nos collègues néerlandophones. Nous avons des partenariats avec des agences en Chine, au Congo et dans de nombreux autres pays et je pense que, dans les années à venir, ce type d’échanges va encore se développer à différents niveaux.

 

Un exemple frappant de cette collaboration internationale s’est manifesté lors des récents Jeux Olympiques à Paris. Il était difficile pour nous d’être présents sur tous les fronts, mais grâce à nos partenariats, nous avons pu combler certaines lacunes. Cela a aussi permis à d’autres agences de bénéficier de notre soutien. Et puis, les collaborations avec des agences étrangères nous aident aussi à résoudre des problèmes communs, car nous faisons face aux mêmes défis dans nos domaines respectifs. C’est donc crucial de s’unir et de collaborer pour tous atteindre notre objectif premier : alimenter les médias du monde entier de la meilleure façon possible.

 

 

En ce qui concerne les objectifs, les médias traditionnels visent généralement à attirer un maximum de lecteurs. En revanche, les objectifs d'une agence de presse peuvent être différents. Quels sont donc les objectifs de Belga ?

L’objectif premier est d’avoir un impact et pour le mesurer, c’est beaucoup plus tangible avec les photos. Nous pouvons facilement suivre le nombre de téléchargements de nos images par les médias. Par exemple, lors des récents Jeux Olympiques, nous avons diffusé environ 13 000 photos, et nous avons constaté que le taux de téléchargement était beaucoup plus élevé que d’habitude. Ce constat a été similaire lors des élections fédérales, et nous anticipons un impact encore plus fort lors des élections communales qui auront lieu le 13 octobre prochain.

 

Concernant nos dépêches écrites, nous disposons d’outils qui nous permettent de comparer les textes publiés par les médias avec nos propres dépêches. Cependant, nous n’avons pas encore de système qui comptabilise précisément le nombre de reprises de nos textes.

 

Mais nos objectifs incluent également un aspect financier. Nous sommes rémunérés par nos abonnés, qui représentent une part importante de nos revenus. De nombreux médias paient pour accéder à nos informations, mais nous avons aussi de nombreux clients institutionnels, certains partis politiques et diverses entreprises. Ces clients souhaitent être informés de ce qui se dit à leur sujet et de la façon dont ils sont perçus, d’où leur utilisation de notre service, Belga.press, pour rester rapidement au courant des actualités de leur secteur. 

 

Puis, pour couronner le tout, nous avons aussi divers autres moyens de financement qui enrichissent notre modèle économique, par exemple la vente d’images et l’organisation de workshops, comme dernièrement sur les relations presse ou le médiatraining. 

On se donne rendez-vous dans deux semaines pour découvrir le prochain épisode de "Dans la Rédac" avec un•e journaliste belge emblématique !