20 February 2025
Pour le dixième épisode de la saison 2 de Dans la Rédac, nous nous sommes entretenus avec Nicolas Gaspard, journaliste chez Nostalgie. Ensemble, nous avons discuté de son parcours, des particularités du journalisme en radio, mais aussi de l’avenir de celle-ci.
C’est parti !
Je n’ai pas un parcours très atypique, car j’ai toujours voulu faire de la radio.
À 16 ans, je cherchais déjà un job étudiant dans ce domaine, mais je ne recevais que des refus écrits… sauf de Charles Neuforge, chef du bureau RTL à Liège à cette époque-là, qui, faute de temps pour me répondre par écrit, m’a appelé pour me dire non. Comme je l’avais au téléphone, j’en ai profité pour lui demander si je pouvais venir observer le travail sur place. Il a accepté et, une fois là-bas, ils m’ont montré comment tout fonctionnait avant de me confier un peu de matériel pour aller dans la rue réaliser un micro-trottoir. J’ai enregistré le matin, monté mon sujet l’après-midi, et en fin de journée, ils m’ont proposé de revenir. C’est comme ça que j’ai commencé à travailler pour eux. À l’époque, c’était surtout pour me faire la main, puisque j’étais payé en places de cinéma et en goodies RTL… (rires).
Par la suite, j’ai toujours combiné mes études avec des piges un peu partout : Télévesdre (aujourd’hui Vedia), Sudradio à Malmedy et RTL à Liège. J’avais d’abord entamé des études en sciences politiques avant de faire une passerelle en communication à l’Université de Liège.
Quand j’ai terminé mon cursus, j’étais déjà en contact avec Nostalgie grâce à Eddy De Wilde, un ancien de RTL. Il appréciait mon travail et m’a proposé un contrat dès la fin de mes études. Je n’ai même jamais eu à envoyer de CV, ce qui est plutôt chouette (rires). J’ai commencé en tant que journaliste politique, car c’était ma spécialisation, puis j’ai progressivement bifurqué vers la culture : cinéma, musique…
Mais au-delà du journalisme, la radio a toujours été une véritable passion. J’ai donné des cours de radio à l’Institut des Arts de Diffusion (IAD), et surtout, j’ai écrit un livre sur les 100 ans de la radio en Belgique.
La plus grande évolution, c’est l’arrivée de la vidéo.
À la base, j’ai choisi la radio justement parce que je trouvais intéressant de raconter des histoires sans avoir à me soucier de l’image. Mais aujourd’hui, on doit de plus en plus intégrer la vidéo : sur le terrain avec des photos et des captations, mais aussi en studio avec des caméras. En 2025, on est devenus des journalistes 360°, capables de produire du son, de la vidéo et du contenu écrit pour le web.
L’arrivée des podcasts a aussi beaucoup changé les choses. Ça donne une seconde vie à nos reportages radio, et c’est chouette de voir que le public continue de consommer ce média, même si c’est moins de manière linéaire et directe.
Contrairement à la presse écrite, où l’on prend le temps de rédiger et structurer un article, à la radio, il faut aller droit au but, avec un ton naturel et une information percutante. On écrit pour être entendu, pas pour être lu, ce qui change tout.
La radio est aussi le seul média que l’on peut consommer en faisant autre chose. Dès le matin, les auditeurs nous écoutent sous la douche, en voiture… On les accompagne tout au long de la journée, et pour beaucoup, allumer la radio en montant en voiture reste un réflexe. C’est un canal essentiel pour l’information. D’ailleurs, certaines études montrent que les gens font plus confiance aux infos diffusées à la radio qu’à celles de la télévision ou de la presse écrite.
À la radio, tout passe par la voix, l’intonation et le choix des mots. Mais malgré ces spécificités, les fondamentaux du journalisme restent les mêmes : on vulgarise, on recoupe les informations… et ça, ça ne changera jamais.
On est une dizaine d’employés, auxquels s’ajoutent des pigistes qui viennent renforcer l’équipe lorsque nécessaire. On travaille en parallèle pour plusieurs médias : NRJ, NRJ+, Nostalgie, Nostalgie+, et Chérie. Notre travail se divise entre des flashs d’information pure et de l’infotainment. Par exemple, on réalise des émissions comme le journal du cinéma, le journal de la musique, ou encore des séquences autour de l’environnement. Il y a des journalistes qui assurent la couverture en continu, de 5h30 à 19h30, et cette organisation se poursuit également pendant le week-end.
Avec Nostalgie, on se distingue par une approche de l’information plus constructive. Je pense qu’on a été précurseur dans ce domaine à un moment. L’objectif est de pousser nos auditeurs à aller au-delà de l’info brute et d’encourager nos journalistes à aller plus loin que simplement lire une dépêche d’agence. L’idée, c’est vraiment de mettre l’auditeur au centre de l’info.
Cette philosophie, on l’enseigne aussi aux nouveaux journalistes. En dehors de ça, il faut savoir que, dans notre ligne éditoriale, on exclut volontairement les faits divers. Nous ne sommes pas dans le sensationnalisme. Contrairement à des chaînes comme La Première, qui est une chaîne d’information, nous avons seulement 3 minutes pour donner toute l’info. Donc, notre approche est plus concise et impactante. Les auditeurs ne veulent plus 20 minutes d’info comme avant ; ils préfèrent un condensé, et c’est ce qu’on propose.
Il faut aussi noter qu’on a un public plus âgé, généralement entre 35 et 55 ans. C’est un large éventail, mais il faut en prendre compte. Donc, au sein du NGroup, lorsque des informations concernent un public plus jeune, elles sont principalement orientées vers NRJ.
Je vais en donner deux, comme ça chaque lecteur pourra choisir sa préférée (rires).
Le premier sujet qui m’a marqué : les attentats de Bruxelles. J’ai eu la chance d’être le premier journaliste à arriver sur place, car on a une moto à la rédaction. Cela m’a permis d’esquiver les embouteillages et d’arriver avant tout le monde. L’anecdote, c’est qu’en arrivant, j’ai paru un peu suspect pour les policiers, car j’étais casqué et en veste noire, sur ma moto. Ils ont eu un moment de doute, ne sachant pas qui j’étais. C’était un peu tendu avant que je leur explique que j’étais journaliste et que je leur montre ma carte de presse. La journée a ensuite été éprouvante avec des scènes difficiles, mais c’était, professionnellement, une expérience enrichissante.
Enfin, pour la touche plus légère, j’ai eu la chance de faire la dernière interview de Charles Aznavour. Je suis allé jusqu’à Paris, j’ai passé une heure avec lui, et deux jours après être rentré à Bruxelles, j’ai appris son décès. Enfin, pas sûr que ce soit si léger… (rires)
Il faut avant tout s’adapter, c’est essentiel dans tous les domaines.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, la radio existe toujours alors que ça fait des années qu’on entend qu’elle va disparaitre. Avec le temps, il y aura une certaine érosion, mais il y a une base d’auditeurs qui restera fidèle. Regarder la TV dans sa voiture n’est pas possible, ni recommandé, tout comme utiliser une application pour suivre l’actualité en conduisant. L’audio restera donc le meilleur canal pour cela. Le défi, c’est qu’il faut apporter de plus en plus de valeur ajoutée. En 2025, on ne peut plus se contenter de simplement annoncer ou désannoncer des morceaux.
Honnêtement, je ne m’inquiète pas trop pour l’avenir.
Ce que je regrette, c’est qu’on présente souvent la radio aux étudiants comme elle était avant. Ce que j’aime faire, c’est sortir de ces clichés et leur présenter la radio sous tous ses aspects, à 360°. Les personnes qui ont compris que la radio ne se résume pas seulement au son restent intéressées. Cependant, il est vrai que de plus en plus, les étudiants se tournent vers la TV ou la presse écrite/magazine.
La radio n’est plus le réflexe numéro 1 comme elle l’était il y a quelques années.