26 février 2025
Pour le onzième épisode de la saison 2 de Dans la Rédac, nous nous sommes entretenus avec Dorothée Faraon, journaliste pour LN Radio. Ensemble, nous avons discuté de son parcours atypique, du journalisme au Moyen-Orient, de la ligne éditoriale de LN Radio et de son quotidien.
C’est parti !
Après mes études en communication à l’ULB, j’ai suivi mon mari à l’étranger pour son travail, ce qui m’a amenée à m’adapter et à trouver du boulot sur place à chaque déménagement, parfois tous les ans ou tous les deux ans. J’ai ainsi occupé plusieurs postes : General Manager dans une agence de communication au Maroc, collaboratrice pour un magazine automobile au Qatar, puis j’ai suivi des formations en langues et en photographie lors d’un retour au Maroc, avant de travailler à l’École Française de Djeddah en Arabie Saoudite. C’est lors de ma dernière affectation que j’ai eu l’opportunité d’entrer dans le journalisme, chez Oryx FM au Qatar, puis tout s’est rapidement enchaîné.
Ce qui est assez ironique, c’est que, durant mes études, je voulais faire du journalisme écrit, car je n’aimais pas m’exposer. Je préférais me cacher derrière mon papier et, à l’époque, je trouvais les cours de radio inutiles, me demandant « Qui a besoin d’apprendre à parler devant un micro ? ». Finalement, j’ai intégré Oryx FM sans formation spécifique et c’est là que j’ai vu toute la difficulté du métier. J’ai tout appris sur le terrain, jusqu’à arriver là où j’en suis aujourd’hui, en radio et en TV avec LN Matin.
C'est très différent. Au Qatar, par exemple, tous les médias sont gouvernementaux, ce qui signifie que tout est contrôlé. On ne peut pas s'exprimer librement et certaines informations ne peuvent pas être partagées. Par ailleurs, on ne peut travailler qu'avec une seule agence de presse, ce qui influence notre façon de bosser. En Belgique, la base du journalisme est de recouper les informations, une pratique qui est difficilement réalisable là-bas.
Le slogan de LN Radio, c'est "Music & News". Notre rédacteur en chef met un point d'honneur à fournir une information juste, tout en terminant avec une note joyeuse. J'entends souvent des gens dire : « Écouter les news, ça m'énerve, c'est toujours plombant et négatif ». Beaucoup sont lassés de ça. C'est pourquoi on essaie d'apporter des informations plus positives, sans pour autant mettre de côté les actualités importantes, mais négatives. En plus de ça, je pense que, même si on n'est pas une radio locale, on fait un effort pour être proches des gens, en traitant des sujets qui les touchent et en les impliquant dans nos programmes. C’est un peu comme ça qu’on se démarque il me semble.
Moi, personnellement, j’adore les deux.
Faire de l’info, c’est la base de mon métier, et c’est ce qui m’a attiré dans mes études. Et puis, d’un autre côté, avoir des invités, qu’ils soient musiciens ou écrivains, c’est culturel, mais ça reste de l’information. Ça touche beaucoup nos auditeurs ; souvent, on me dit : « Ça, c’était chouette » ou « C’est cool, car ce ne sont pas les mêmes invités que sur les autres radios ». C'est vraiment quelque chose sur lequel on se démarque. Pour l’information, on essaie de varier les actualités qu’on présente. J’ai 3 minutes pour ma chronique info, donc j’essaie de regrouper des infos internationales, nationales, sportives, musicales, scientifiques... et j’aime bien me creuser la tête pour choisir des sujets intéressants, que les autres médias décident de ne pas traiter. Concernant les invités, on essaie de mettre en avant des artistes ou écrivains locaux, donc j’effectue un travail de veille pour rester à jour sur le monde culturel. Du moment que j’ai le feu vert de mon rédacteur en chef, on est assez libre.
Heureusement, dans notre équipe, on a Maxime Binet, qui s’occupe de tous nos invités politiques. C'est un véritable défi d'organiser des interventions de ce type, surtout avec des invités qui viennent répondre à des questions d'actualité brûlante. D'autant plus qu'ils arrivent à 07h15 le matin, ce qui fait de nous le premier rendez-vous politique dans les médias francophones. C'est un travail énorme qu'il gère, ce qui me permet de me concentrer sur les autres types d'invités. Moi, de mon côté, que ce soient des artistes, écrivains ou autres acteurs culturels, c’est quelque chose qui me parle dans tous les cas.
Non, je ne bosse que pour LN Matin. Une journée type se déroule souvent comme suit : après les 2h30 d’émission, je consacre le reste de ma matinée jusqu’à 12h-13h à préparer la conduite du lendemain. L’après-midi est souvent dédié à la préparation des interviews, à la fixation des rendez-vous pour les jours suivants, à écouter les projets des artistes que nous recevons et à lire les livres des auteurs. C'est énormément de travail pour un rendu final de seulement 2h30 en direct chaque jour, et parfois, les gens ne se rendent pas compte de l'investissement que cela représente. De plus, nous ne sommes que quatre dans l’équipe à préparer toute l’émission, ce qui rend chaque minute précieuse et nécessite une bonne organisation pour que tout soit prêt à temps.
Évidemment, avec l’équipe de LN Aprem, nous discutons tous les jours des informations que nous préparons, des actualités que nous traitons et des invités que nous recevons. Cependant, leur émission est fondamentalement beaucoup plus culturelle que la nôtre. Les bureaux sont juste à côté des nôtres, ce qui facilite aussi beaucoup les échanges. C'est important, car la ligne éditoriale de la radio doit être cohérente, que ce soit le matin ou l’après-midi.
Nous avons également beaucoup de synergies avec les autres médias d'IPM. Par exemple, Luc Lorfèvre, journaliste musical pour Moustique, a une chronique hebdomadaire dans notre émission. Il nous apporte plein d’informations sur les artistes, les concerts et les cérémonies musicales. Ca ajoute clairement une expertise intéressante pour nos auditeurs et c’est une vraie plus-value pour notre programme.
Oui, nous y accordons beaucoup d'importance. J'ai même parfois l'impression que nous travaillons l’émission comme si c’était de la télévision, en regardant la caméra.... En réalité, c'est une émission radio diffusée à la télévision, car, contrairement à un JT, nous n'avons pas d’illustrations ni de reportages. Cependant, lorsque nous recevons nos invités, nous avons des fonds personnalisés, ce qui rend la frontière entre radio et TV assez floue. Même nous, il arrive que nous ne sachions pas vraiment si nous nous considérons plus comme une émission de radio ou de télévision. Concernant notre audience, je ne connais pas la répartition exacte entre les auditeurs et les téléspectateurs, mais d'après ce que j’entends, les résultats en télévision sont excellents. Cela nous pousse à croire que cette configuration est bénéfique, et je pense que nous allons continuer dans cette voie encore quelques temps.