Pour le quatorzième épisode de la saison 2 de Dans la Rédac, nous nous sommes entretenus avec Simon François, journaliste et coanimateur pour l'émission On n'est pas des pigeons. Ensemble, nous avons discuté de son parcours, de son premier contact assez original avec le journalisme, mais aussi de la ligne édito de l'émission.
C’est arrivé assez tôt.
À 12 ans, j’ai eu l’opportunité de participer à une émission de la RTBF, « Le bus des régions », qui était un peu l’ancêtre de On n’est pas des pigeons. L’émission était diffusée à 18h30 et, pour célébrer la journée mondiale des droits de l’enfant, ils avaient choisi de venir à Waremme, ma ville, où se tenait le premier conseil communal des enfants de Belgique, dont je faisais partie. J’ai eu la chance de participer à l’émission et même de la coprésenter avec Christophe Deborsu. Ce jour-là, j’ai suivi les journalistes, observé les montages, et j’ai trouvé tout ça fascinant. C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais faire ce métier.
Ensuite, j’ai terminé mon cursus scolaire jusqu’en 6e secondaire, puis j’ai naturellement commencé des études de journalisme à l’ULB, malgré les remarques de mes proches qui me disaient que c’était un métier bouché. Mais je suis un peu têtu (rire). Pendant mes études, j’ai fait de la radio au campus et j’ai commencé à faire des piges les week-ends chez NRJ. Cette expérience m’a permis de prendre de la bouteille et de remporter un concours organisé par RTL quelque temps plus tard. J’ai été engagé chez eux dès la fin de mes études.
En fait, on m’a tellement dit « tu fais des études de journaliste, tu vas finir chômeur » qu’en sortant de l’université, j’étais prêt à faire n’importe quoi. Et tout s’est aligné pour que je travaille en TV, notamment avec ce concours gagné pour bosser chez RTL. J’aurais pu faire du web chez RTL, mais ça n’a pas été le cas, j’ai tout de suite fait de la TV et de la radio et j’ai directement vu que c’est ça qui m’animait. Mais pour être honnête, je suis conscient que j’ai eu beaucoup de chance d’arriver directement en TV, ce n'est pas le parcours de tout le monde.
Il est difficile de comparer la rédaction du JT de RTL et On n’est pas des pigeons, car les deux émissions ont des lignes éditoriales très différentes. En termes de liberté, il est clair qu’on en a un peu plus dans On n’est pas des pigeons, simplement parce que l’émission s’y prête davantage qu’un JT. Cela dit, j’avais aussi une grande liberté au JT de RTL. Beaucoup de gens pensent que nos textes sont écrits par d’autres personnes et contrôlés par des supérieurs, mais ce n’est pas du tout le cas.
Ce qui est génial dans On n’est pas des pigeons, c’est qu’on a vraiment l’impression de venir en aide aux gens. On parle de leur quotidien, de sujets très concrets, et cela correspond parfaitement à mon parcours. Il y a quelques années, je me suis particulièrement intéressé au journalisme constructif, et dans l’émission, c’est exactement ce qu’on fait. On dénonce des problèmes, mais on montre aussi des solutions. Depuis plusieurs années, des gens me disent qu’ils ne veulent plus regarder les JT à cause de leur côté trop négatif, et je les comprends. Il y a un excès de mauvaises nouvelles, et je pense qu'il est important de faire du journalisme constructif pour répondre à la fatigue émotionnelle des gens. Ce n’est pas du journalisme « positif » dans le sens où on ne cherche pas à faire croire que tout va bien, mais dans On n’est pas des pigeons, on examine le monde sous tous ses angles : les problèmes, mais aussi les solutions, dans une volonté d’aider les gens le plus concrètement possible.
J’arrive généralement à 08h30 au bureau. À ce moment-là, l’éditrice de l’émission est déjà au travail depuis plus de deux heures pour faire une revue de presse la plus complète possible. Quand j’arrive, on discute de l’actualité et, petit à petit, on construit le programme de l’émission du jour : ce qu’on va traiter en plateau, en reportage, en duplex... Il y a aussi l’interview Face à Face, qui est préparée en amont. On sélectionne également l’alerte du jour et, assez tôt le matin, l’émission est déjà bien ficelée. Ensuite, vers 10h30, je pars faire l’émission radio. Cela me permet de rentrer dans le concret dès le matin, et c’est ce que j’aime.
Après ça, je mange un petit quelque chose puis je repasse sur les textes que l’éditrice a préparés pendant ma présence à la radio. Vers 14h, on fait une réunion de conduite pour passer en revue tout ça avec le réalisateur et les personnes qui nous épaulent. On relève quelques points pour savoir où on va lancer des vidéos, ajouter des sons, des habillages... On discute de tout cela pendant environ une heure. Ensuite, vers 15h, je prépare mes interviews pour les jours suivants. Puis une fois que c'est fait, on se prépare à être en direct à 18h30, sans filet, sans prompteur, avec toute l’équipe et les téléspectateurs.
Ce sont de très grosses journées avec deux émissions par jour, mais j’adore ça.
Effectivement, personne ne fait exactement ce qu’on fait, et c’est génial que ce soit la RTBF qui propose ça, car c’est une véritable émission de service public. Littéralement, on vient en aide aux gens, et ça, c’est inédit. Le fait que l’émission dure depuis presque 15 ans, c’est assez impressionnant. Il existe un équivalent à la VRT Radio avec une émission appelée Winwin, mais c’est uniquement de la radio. Il y a eu des équivalents en France, mais qui ont disparu aujourd’hui. Une émission quotidienne sur la consommation qui aide autant les gens, ça n’existe nulle part ailleurs. Du coup, c’est assez facile de se démarquer (rire).
On applique la déontologie journalistique classique. Cela signifie que si on met quelqu’un en cause, on lui offre toujours la possibilité de répondre. On n’est pas des cowboys. Quand on dénonce, c’est parce qu’il y a des justifications, des preuves. Et il arrive parfois que la version de l’entreprise visée soit complètement différente de la nôtre. C’est pourquoi, que ce soit en radio ou en télévision, on offre systématiquement la possibilité aux personnes concernées de s’exprimer. C’est un des principes fondamentaux de la déontologie journalistique. C’est aussi la raison pour laquelle, souvent, on ne dévoile pas le nom de la société qui cause des soucis à un téléspectateur qui nous contacte. On ne révèle le nom qu’une fois qu’on est sûrs d’avoir suffisamment d’indices pour affirmer qu’il y a un problème. C’est un équilibre assez délicat à maintenir, mais heureusement, depuis le début de la saison, nous n’avons pas eu de plaintes. Je touche du bois (rire).
Écrit par Nonante Cinq
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